Signification et origines de ‘être casquette’ : une expression populaire expliquée

13 juin 2025

Un couvre-chef mal ajusté peut parfois en dire bien plus long qu’un long discours. Derrière la visière, on devine une manière d’être, une posture qui s’affiche sans se justifier. Dans certains quartiers, « être casquette » ne fait référence ni à la météo ni au dernier cri de la mode : c’est tout un état d’esprit qui se dessine, fait d’aplomb, de codes et d’une bonne dose de second degré.

Cette petite formule, à la fois insolite et familière, s’est faufilée dans l’argot au fil des années, jusqu’à devenir un clin d’œil identitaire. Comment un simple accessoire a-t-il pu se muer en bannière d’attitude ? Les détournements de la langue n’en finissent pas de surprendre, et l’histoire de la casquette, loin d’être anecdotique, dévoile toute la malice de notre bon vieux français.

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Une expression intrigante du langage populaire

Dans les rues de Paris, « être casquette » sonne comme un mot de passe réservé aux initiés. Sous ses airs anodins, l’expression porte tout le poids du langage populaire. Elle détourne la casquette – le plus banal des accessoires – pour en faire un étendard, un signe de ralliement qui navigue entre générations et pavés.

Bien avant que les créateurs de mode s’en emparent, la classe populaire avait déjà fait de la casquette son emblème. On la retrouve vissée sur la tête de l’ouvrier, du livreur, du môme du quartier. Et, naturellement, elle infuse la langue : « être casquette », c’est afficher une allure, une attitude parfois bravache, souvent détendue, toujours teintée d’un humour bien français. Sous ses coutures, la casquette raconte la rue, la solidarité, la débrouillardise. Un accessoire devenu code, et code devenu expression.

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Ce n’est pas un hasard si la langue française a brodé tout un tas d’autres expressions autour de la casquette :

  • « Avoir plusieurs casquettes » : cumuler les fonctions, jongler avec les rôles.
  • « Porter le chapeau » : se faire accuser, parfois à tort.
  • « En avoir ras la casquette » : toucher à la limite, saturer.

La casquette devient alors le reflet d’un vécu, d’une appartenance, d’une humeur. Elle flotte dans l’argot des faubourgs, s’invite sur les réseaux sociaux : « être casquette », aujourd’hui, c’est afficher sa singularité, parfois avec ironie, souvent avec panache.

D’où vient « être casquette » ? Origines et évolutions

Pour remonter aux sources de « être casquette », il faut plonger dans la France du xixe siècle. À cette époque, la casquette appartient au peuple ; le chapeau, lui, reste l’apanage des bourgeois. Le chapeau, c’est la hauteur, le prestige ; la casquette, c’est la proximité, la réalité du quotidien. Très vite, la casquette s’impose comme un signe d’identité populaire qui s’affranchit du mimétisme social.

Chez les écrivains comme Henri Pène, dans Le Paris viveur, la casquette s’invite sur la tête de l’ouvrier, de l’apprenti, du gamin des rues. La langue s’en empare, la casquette devient un marqueur, puis une posture : « être casquette », c’est incarner cette identité, refuser d’adopter les codes d’en face. Ni posture, ni soumission : une façon d’assumer sa place, sans complexe.

Les déclinaisons de la casquette n’ont cessé d’évoluer :

  • Casquette de baseball : arrivée des États-Unis, popularisée par le sport et la mode ;
  • Snapback, trucker, dad cap : autant de variantes qui partagent les mêmes racines urbaines ;
  • Bob : même esprit populaire, version estivale.

Le clivage casquette-chapeau perdure, symbole d’une distinction sociale qui résiste au temps. La casquette incarne l’ancrage collectif, ouvrier, urbain. Derrière l’expression, c’est tout un pan de la lutte sociale et de la revendication identitaire qui s’esquisse, à travers un simple accessoire.

À quoi renvoie vraiment cette formule aujourd’hui ?

De nos jours, « être casquette » ne se limite plus aux trottoirs des faubourgs. La casquette s’est glissée partout, du streetwear à la pop culture, du hip-hop à la mode sportive. On la retrouve sur la tête du musicien, de l’étudiant, du créateur, de l’artisan… Plus qu’un couvre-chef : un marqueur d’identité, de style, d’appartenance.

Selon les situations, l’expression peut prendre plusieurs nuances :

  • Affirmer son appartenance à un groupe, une communauté ou un quartier ;
  • Assumer un style décontracté, parfois provocateur ;
  • Exprimer une authenticité, un refus des conventions rigides ou bourgeoises.

La casquette n’est plus un simple objet : elle affiche des logos, des couleurs, des messages. Elle protège du soleil, complète une silhouette, mais surtout, elle permet d’afficher ses couleurs, de raconter sa propre histoire. Voilà comment la casquette est devenue le support idéal de la polyvalence vestimentaire.

Les dictionnaires l’ont bien compris : la casquette incarne désormais à la fois la mode et la personnalité. Adopter l’expression, c’est choisir une forme d’individualisme collectif : on se distingue, tout en s’ancrant dans un héritage commun. Un clin d’œil à la rue, un hommage à la tradition populaire, mais sans jamais sombrer dans l’uniformité.

casquette expression

Petite histoire d’un mot qui traverse les générations

Partie des faubourgs ouvriers du XIXe siècle, la casquette a fait du chemin. Elle a traversé les océans, migré des stades de baseball américains jusqu’aux rues de Paris, avant de remonter les marches des défilés ou d’apparaître dans les séries télévisées. Le modèle New Era est devenu une référence planétaire : équipementier officiel de la Major League Baseball, il incarne la culture des Yankees, des Braves ou des Excelsiors de Brooklyn. Arborer cette casquette, c’est assumer une filiation, embrasser un pan de culture populaire mondialisée.

La casquette, aujourd’hui, ne se contente plus d’agrémenter une tenue. Elle s’invite dans les jeux de pouvoir : on la voit brandie dans l’arène politique, comme la fameuse casquette MAGA rouge, emblème du camp Trump, devenue objet de ralliement, parfois de discorde. On la retrouve aussi dans les mains de Kamala Harris, qui offre une casquette camouflage en guise de clin d’œil politique à Tim Walz, gouverneur du Minnesota.

Sur les podiums, la casquette s’affiche fièrement au Met Gala, portée par Frank Ocean, revisitée par Aime Leon Dore, James Perse ou Loro Piana. Même Kendall Roy, dans « Succession », en fait un accessoire de pouvoir discret. Aujourd’hui, la casquette ne se borne plus à protéger du soleil : elle transmet un message, affirme une position, rassemble ou divise. Tout dépend de qui la porte, et de la manière dont elle est portée.

  • New Era : la marque qui a fait de la casquette un objet culte, partenaire officiel de la MLB
  • La casquette MAGA : symbole politique, outil de communication massive
  • De Brooklyn à Paris : la casquette, passerelle entre époques, générations et styles

À chaque génération, sa façon de « porter la casquette ». Un accessoire simple, mais jamais anodin. Qui sait ce qu’elle racontera demain ?

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